Avant de commencer, je dois bien avouer ce titre est quelque peu " putaclic ", vous m’en excuserez, mais vous comprendrez très vite pourquoi !
Il y a quelques mois, j’ai écrit un article (que vous trouverez ici) à propos d’une intelligence artificielle capable de créer des visuels à partir d’une simple phrase descriptive. Ma première idée a tout naturellement été d’essayer avec des tableaux de Biard afin d’imaginer tout ce que l’artiste n’avait pas souhaité représenter. Ce hors champ imaginaire était alors un moyen de casser les barrières imposées par ces énormes cadres dorés qui sacralisent une œuvre, donnant ainsi une nouvelle vision et une narration différente à la toile.
Aujourd’hui, j’ai souhaité réitérer l'expérience mais cette fois-ci avec une génération de texte. Les outils automatisés se font de plus en plus nombreux sur le net et il est maintenant possible de leur demander d’écrire des livres entiers à votre place. Je me suis donc inscrit sur l’une de ces plateformes afin de lui faire rédiger un article complet sur la vie et l'œuvre de François-Auguste Biard.
Avant toute chose, la première étape est de calibrer cette IA en lui stipulant ses fonctions. Il est nécessaire de l’informer qu'elle est une historienne de l’art, qu’elle a l’habitude de rédiger des contenus scientifiques depuis plus de dix ans et que son sujet du jour va être d’écrire un article à propos du peintre français François-Auguste Biard. Il suffit ensuite d’appuyer sur envoyer et d’attendre que les mots, les phrases et les paragraphes s’écrivent tout seuls devant nos yeux.
L'exemple qui suit - qui est en réalité le mélange de trois essais différents - est retranscrit tel que l’IA l’a imaginé. Quelques tournures de phrases ont simplement été réécrites afin d’avoir une syntaxe à peu près correcte. Accrochez-vous, les révélations choc arrivent !
François-Auguste Biard (1799-1882) est un peintre et aventurier français principalement connu pour ses représentations de l'Arctique et pour ses œuvres satiriques. Né à Lyon, il suit d'abord une formation d'avocat avant de se tourner vers l'art, étudiant dans les ateliers de Jacques-Louis David et d’Antoine-Jean Gros à l'École des Beaux-Arts de Paris.
Sa fascination pour l'Arctique a commencé en 1830 lorsqu'il accompagne l'explorateur français Jean-Baptiste Charcot lors d'un voyage au pôle Nord. Biard fut captivé par les conditions extrêmes, par la beauté sauvage du paysage et continua de faire plusieurs autres voyages dans l'Arctique au cours de sa carrière. Ses peintures d'icebergs, de glaciers et d'ours polaires sont largement exposées en Europe et en Amérique du Nord et ont contribué à alimenter l'intérêt du public pour l'exploration et l'aventure.
L'une des ses œuvres les plus célèbres sur ce thème représente des " Esquimaux fabriquant un kayak dans la baie de Bonne-Espérance " (vers 1832). Il s’agit d’un groupe d'Inuits construisant un kayak traditionnel en peau sur les côtes rocheuses de l'Arctique. La peinture se distingue par son souci du détail. Biard rend méticuleusement les motifs complexes des kayaks et des vêtements portés par les Inuits. Les peintures d'expéditions arctiques de Biard se caractérisent par leurs compositions dramatiques. Il s’intéresse tout particulièrement à capturer le sentiment de danger et d'aventure de la vie dans l'Arctique et nombre de ses œuvres présentent des scènes poignantes d'hommes luttant contre les éléments pour survivre face à des conditions extrêmes.
Esquimaux fabriquant un kayak dans la baie de Bonne-Espérance
Une autre peinture très célèbre datée de 1839 est " L'Équipage de l'Uranie récupérant les ancres ". Elle représente l'équipage du navire français l’Uranie luttant contre une tempête dans l'Atlantique Sud. La peinture est remarquable pour sa représentation vivante de la mer orageuse et pour le sens du drame que Biard su crée à travers son utilisation de la lumière et des ombres.
À gauche : L'Équipage de l'Uranie récupérant les ancres
À droite : La Promenade du Bœuf Gras
En plus de ses peintures sur l’arctique, Biard est également connu pour ses œuvres satiriques qui caricaturent la bourgeoisie française et ses conventions sociétales. Son tableau de 1843 " La Promenade du Bœuf Gras " est une critique humoristique de l'élite parisienne qui représente un groupe d'individus aisés défilant avec un bœuf engraissé dans les rues de la capitale.
Son tableau de 1848 " La Vente des effets du défunt " est un commentaire cinglant sur la cupidité et l'hypocrisie de la bourgeoisie, tandis que son œuvre de 1863 " La ville de Paris pendant le siège " dépeint la souffrance et la privation des habitants pendant la Guerre franco-prussienne.
À gauche : La Vente des effets du défunt
À droite : La ville de Paris pendant le siège
Malgré son succès de peintre, Biard n'échappe pas aux bouleversements politiques de son temps. En 1851, il est contraint de fuir la France après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte et il passe plusieurs années à vivre et travailler au Brésil avant de retourner en Europe dans les années 1860. Le travail de Biard est très apprécié de son vivant et il expose régulièrement au Salon de Paris. Cependant, sa réputation décline dans les années qui suivent sa mort et ce n'est qu'au XXème siècle que son œuvre commence à être réévaluée par les historiens de l'art.
Ces dernières années, il y a un regain d'intérêt pour ses peintures, notamment en France et au Canada, où ses représentations de la vie des Inuits ont été célébrées comme un discours historique important. En 2018, une exposition a eu lieu au Musée de la Civilisation de Québec, au Canada, attirant une attention particulière sur sa vie et son art. L'exposition, intitulée " François-Auguste Biard : un voyage dans l'Arctique ", présentait une collection de peintures, de croquis et d'artefacts provenant de son expédition dans l'Arctique et offrait un aperçu complet de ses contributions au domaine de l'art ethnographique.
Aujourd'hui, Biard est reconnu comme étant une figure importante de la peinture française du XIXème siècle, connu pour son habileté technique et sa capacité à saisir l'esprit d'aventure et d'exploration qui caractérise son époque. Son héritage en tant que peintre de paysages exotiques et polaires, ainsi que ses œuvres satiriques incisives, lui ont valu une place durable dans l'histoire de l'art français. Ses œuvres se trouvent dans les collections de nombreux grands musées, dont le musée d'Orsay à Paris et la National Gallery of Art à Washington, D.C..
Nous pouvons conclure en disant que François-Auguste Biard est un artiste polyvalent et talentueux dont le travail offre un aperçu précieux des paysages, des cultures et des peuples des régions arctiques et antarctiques. Ses contributions au domaine de l'art, ainsi que ses caricatures satiriques de la société française, démontrent sa polyvalence en tant qu'artiste et sa capacité à capter l'esprit de son temps.
Que de scoops, vous étiez prévenus !
Bien évidemment tout ceci est à prendre avec des pincettes car si certaines informations sont tout à fait justes, d’autres sont plus qu’invraisemblables.
Certes ses dates et lieux de naissance sont corrects, Biard a bel et bien été dans l’Arctique (en 1839 et non en 1830), il se fait effectivement connaître pour ses toiles burlesques, ses paysages romantiques et son souci du détail quasi ethnographique et pour finir, suite à la prise de pouvoir de Napoléon III au pouvoir sa carrière a quelque peu décliné. Là ou cela coince, c’est qu’il n’a jamais eu David ou Gros comme professeur, il n’a même jamais étudié à Paris, il n’a jamais pu partir en 1830 à l’aventure en compagnie de Charcot car ce dernier est né en 1867, Biard n’est jamais au grand jamais parti en exil, aucun des tableaux précédemment cités n’existe (quant aux visuels, malgré leur caractère " biardesque ", ils ont là encore été pensés par une seconde IA), Biard ne fait pas partie des collections du musée d’Orsay mais de celles du Louvre et enfin, même si le musée canadien existe l’exposition décrite n’a jamais eu lieu.
Internet est formidable du moment que son utilisateur sait s’en servir et ce genre de test démontre bien les limites du possible - du moins à cette date.
Depuis l’arrivée de ce genre de sites, de nombreux professionnels de l’écriture militent contre leur utilisation - il est assez facile de comprendre pourquoi. En effet, depuis le début de l’année 2023, des distributeurs comme Amazon sont inondés de livres rédigés via des IA. Leurs “ auteurs ” - ou du moins ceux qui signent ces ouvrages - ne sont donc plus obligés de penser et d’imaginer par eux-mêmes car une machine le fait pour eux.
Ce genre d’outil doit être utilisé avec parcimonie, avec intelligence et ne doit pas être vu comme une concurrence à la créativité humaine. Si nous revenons au siècle de Biard, les artistes ont vu naître quelque chose d'extraordinaire : la photographie. Ce médium n’a pas tué la pratique du dessin ou de la peinture comme l’avaient prédis certains, il a au contraire apporté des possibilités nouvelles à la portée de presque tous. Les arts graphiques et manuels sont survécus à ce procédé instantané et il y a ici, à mon humble avis, un parallèle à faire avec ces phénomènes actuels. Les créateurs d’aujourd’hui doivent donc apprendre à utiliser le bon médium en fonction de leurs besoins sans pour autant tomber dans la facilité.
Quant aux historiens - et par extension tous ceux qui utilisent l’écriture pour vivre -, ces êtres doués de conscience et d’imaginaire ont encore un avenir certain dans les domaines de la recherche et de la narration car les systèmes automatisés, si perfectionnés soient-ils, ne semblent pas encore prêts à prendre la relève !
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