Perdue depuis plus de 150 ans, ce qui est sans doute l'une des plus belles toiles de François-Auguste Biard a été retrouvée, par hasard, dans un petit bureau de l'administration muséale russe et a refait surface en Finlande en 2017, à l'occasion du premier accrochage entièrement consacré à ce peintre lui aussi oublié.
C’est pendant l'hiver 2014 qu'Ari Laakso - chercheur à l'Arktikum de Rovaniemi et également spécialiste de la représentation des Samis dans l'art - se rend au musée de Mourmansk afin de recueillir des informations sur les premiers brise-glaces nucléaires russes. Assis dans le bureau du directeur du musée de l'Arctique de Saint-Pétersbourg, Ari est interpellé par une grande peinture accrochée juste en face de lui. Les costumes que portent certains des personnages lui semblent familiers et sans hésitation, il reconnaît des Samis grâce aux motifs et aux couleurs arborés sur leurs gaktis (costumes traditionnels Samis). Après quelques recherches sur internet, Ari décide de contacter le célèbre explorateur russe Victor Boyarsky afin de lui demander son avis sur cette affaire. De suite, ce dernier identifie le duc d’Orléans, mais une signature peu lisible les font aiguiller vers un hypothétique artiste dénommé “ Bernard ”. Peu de temps après, l’historien finlandais Osmo Pekonen trouve le fin mot de cette l’histoire et restitue cette œuvre aux pinceaux de Biard.
Disparu sans laisser de trace après sa vente en mars 1865, ce trésor artistique intitulé Louis-Philippe, duc d’Orléans, visitant le cap Nord, dans une barque de Lapons, a ressurgi du passé en plein cœur de la Laponie finlandaise, au musée Korundi de Rovaniemi, lors de l'exposition " La Laponie Mythique ". De base, ce tableau faisait partie d'une commande de trois œuvres ordonnée par le Roi Louis-Philippe. La première montre le duc d'Orléans recevant l’hospitalité sous une tente de Lapons et la seconde illustre quant à elle le futur Roi bravant les eaux déchaînées de la terrible rivière de Muorio. Toutes deux ont été exposées au Salon de Paris de 1841 puis ont trouvé leur place au sein des collections royales - elles restent encore aujourd’hui conservées au château de Versailles.
Mais qu'en est-il de cette troisième œuvre et pourquoi n'a-t-elle pas eu le même destin ?
Finalement, les russes ont annulé le prêt de l'œuvre à la dernière minute, mais cette petite exposition perdue dans les neiges de l’arctique reste néanmoins très importante pour Biard car elle aura permis de mettre à jour ce magnifique tableau et de le faire découvrir au public lors d'une conférence retransmise sur le web. Les quelques toiles prêtées par le musée de Versailles et par le musée des Beaux Arts de Tromsø sont à la fois des odes à la gloire du "dernier roi des français", mais aussi une étude anthropologique plus que fidèle. Espérons que la France se réveille un jour pour rendre hommage à ce peintre de talent trop peu connu dans l'hexagone et qui ne demande qu'à refaire parler de lui - ce qui depuis est chose faite !
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