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  • Photo du rédacteurBaptiste Henriot

François-Auguste Biard - Une pierre retrouvée au Svalbard ?



Il y a un peu plus d’un an, j’écrivais un article [à lire ici : Les mystères d’une femme au Spitzberg] afin de brièvement présenter le périple au Svalbard qu’ont entrepris F.-A. Biard et Léonie d’Aunet à bord de la corvette La Recherche, durant l’été 1839. Dans ces quelques lignes, je me suis tout particulièrement arrêté sur un élément qui m’a toujours beaucoup intrigué : une mystérieuse pierre sur laquelle auraient été gravés les noms de tous les membres d’équipage ayant pris part à cette expédition scientifique.



Ce témoin d’un autre temps - qui pourtant devrait être colossal - n’avait encore jamais été retrouvé et ce, malgré des recherches effectuées par des norvégiens au cours de diverses campagnes scientifiques. Était-il perdu à jamais dans la baie de la Madeleine ? Avait-il été détruit par les âges ? Où s'agissait-il là d'une pure invention scénaristique de Léonie ? Mettre la main sur ce vestige serait une très belle façon de rendre hommage à ce couple téméraire qui aura marqué la vie parisienne du milieu du XIXe siècle grâce à leurs épopées. Néanmoins, n’ayant pas encore eu l’occasion d’aller moi-même sur place afin d’enquêter de mes propres yeux, j’essaie autant que possible de glaner les récits de voyageurs modernes revenus de Magdalenefjorden.


Il arrive parfois qu’Internet fasse bien les choses, car, un beau jour, alors que je me trouvais près du Cap Nord, non loin d’où est partie La Recherche près de deux siècles plus tôt, le hasard des fils d'actualité Facebook a fait qu’Hélène Gaudy, écrivaine, m’a écrit pour me parler de Léonie et de son histoire. Hélène se trouvait elle-même quelques semaines auparavant au Spitzberg, sur les traces de Salomon August Andrée (1854-1897), un aventurier suédois à la destinée tragique. Après de courts échanges, nous nous sommes très vite rencontrés afin qu’elle puisse me parler de son expérience et pour qu’elle me raconte de vive voix ce qu’elle avait vu en ces lieux.

Le temps de notre conversation, j’étais comme plongé dans les œuvres de Biard. Tout y était: la baie des Tombeaux où les sépultures rudimentaires des baleiniers du XVIIe gisent encore à même le permafrost ; les montagnes de dolérites noires typiques de l’archipel ; ou encore l’ambiance pesante qui règne dans cet endroit hostile et septentrional.

Bien évidemment, je lui ai demandé si elle avait croisé une pierre couverte d’inscriptions comme celle décrite par Léonie dans ses souvenirs. Voilà qu’elle a été sa réponse : “ Oui, j’ai vu cette pierre, voici quelques photographies ! Les noms ne sont pas écrits à la peinture blanche, mais bien gravés en dessous !



Avec son aimable consentement, je me permets de reproduire les clichés qu’elle m’a envoyés afin d’illustrer notre discussion et je vous laisse imaginer mon excitation lorsque je les ai vues pour la toute première fois.


Effectivement, il s'agit bel et bien d’une grosse roche comme posée au milieu de nulle part, qui pourrait parfaitement correspondre avec les descriptions que nous avons d’elle. Malheureusement, malgré la qualité des photos d’Hélène, il est assez difficile de lire distinctement ce qui est gravé à sa surface. Pour bien faire, l’idéal serait de faire une prise d’empreinte du bloc entier à l’aide de papiers afin de les examiner plus aisément.

Après avoir essayé plusieurs combinaisons possibles de lettres, aucune d’entre elles ne semble correspondre avec les noms de l’équipage que nous retrouvons soigneusement notés sur la Liste des personnes composant l’État-major de la corvette La Recherche, pendant la campagne du Nord en 1839, tenue par le commandant Jean Jacques Louis Fabvre (1800-1864) lors de ce voyage. Sur les 95 patronymes qui composent cette liste, aucun ne contient les lettres “ O U [?] Y ” que nous arrivons à décrypter sur l’une des photographies ci-dessous.



Malgré tout, il semblerait que cette pierre soit connue par les marins habitués des lieux, car c’est le capitaine du navire qui emmena Hélène et l’équipe de tournage dans la Madeleine, qui leur parla du bloc et de son histoire.


Est-ce une légende ou une réalité ? Ce récit n’a pas encore livré tous ses secrets et les écrits de Léonie continuent de nous questionner - où du moins de me questionner moi !

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